Le « gaming » pour la rééducation …ou lorsque le corps devient la manette du jeu !

Connue aux Etats-Unis et au Canada sous le nom d’exergaming, la rééducation ludique fait (timidement!) son apparition en France. Il s’agit bien là d’apporter des solutions thérapeutiques au patient, d’accompagner une réathlétisation et même de proposer la préparation physique …mais en instaurant une approche par le jeu. Récréative et motivante tout en restant sérieuse et efficace, cette approche est plébiscitée dans l’univers du fitness et auprès des enfants, et commence à faire des émules dans les cabinets de kinésithérapie et d’ostéopathie. Or stimuler l’enfant qui sommeille en chacun d’entre nous peut conduire à des résultats étonnants !

Concrètement, des appareils “classiques” en rééducation comme le vélo ou le rameur peuvent devenir interactifs à travers un univers de jeux, de challenges individuels ou de compétition avec d’autres pratiquants. De quoi enrichir la palette du kiné, qui outre son rôle “technique” de praticien intervient souvent aussi sur le volet psychologique auprès de ses patients pour les motiver, les encourager, les féliciter …jusqu’à atteindre avec eux les résultats escomptés. Un parcours parfois fastidieux, d’autant pour un programme au long court dans lequel les progrès sont lents, conduisant parfois à une lassitude et un renoncement. Or rompre la monotonie de la rééducation, que ce soit sur un rameur ou un vélo, devient possible en s’immergeant dans un univers imaginaire, au sein duquel le patient devient acteur et compétiteur au gré de programmes de durées et difficultés variabes. Atout motivationnel supplémentaire : la mesure des performances en direct live!

“L’intérêt majeur est d’arriver à faire travailler le patient en s’amusant, tout en détournant son attention du problème pour lequel il est suivi et en réintégrant sa rééducation dans des exercices plus globaux” indique t-il à propos du Icaros Cloud PRO. Le principe repose sur un déséquilibre naturel de la plateforme que le patient compense instinctivement en restant concentré sur le jeu, stimulé par l’envie de gagner. Interrogé sur le risque potentiel de mauvaise utilisation de l’appareil il répond “le patient doit bien sûr être accompagné, éventuellement corrigé, dans sa prise en main de la machine au départ, mais ensuite l’utilisation est assez intuitive et les prises sont faites de telle manière que la position est d’emblée correcte”. Grâce aux différents types d’exercices et niveaux de difficulté (y compris cardio intensif), l’appareil adresse tant la rééducation, que la réathlétisation et la préparation physique, vers lesquelles se tournent de plus en plus les cabinets de kinésithérapie.

De la scoliose à la rééducation post-partum, l’entrée dans la danse de nouveaux appareils de réathlétisation originaux

A côté des indétrônables vélos et rameurs, qui resteront au cœur des outils de rééducation de par la nature des mouvements qu’ils offrent, apparaissent des appareils plus spécifiques, basés sur la résistance et le gainage. C’est le cas du “Cloud” (proposé par Hitech Rééducation, cf visuel) qui est une plateforme oscillante gonflable permettant d’accéder à un panel d’activités via un smartphone ou une tablette. Kinésithérapeuthe et ostéopathe dans la région de Cahors et séduit par le concept du jeu pour travailler, Boris Laub déclare utiliser le Cloud autant pour des problèmes de scoliose, pour le renforcement de la musculature du dos que pour des entorses de genou ou encore la rééducation périnéale post-partum.

Du fitness à la rééducation thérapeutique

Quel qu’en soit le contexte, dans le domaine du fitness ou de la rééducation, l’utilisation des appareils réclame un contrôle de la posture, de la cambrure, du gainage etc. par un professionnel du sport ou de la santé, afin que l’utilisateur travaille correctement en sollicitant les muscles appropriés tout en épargnant les ligaments. Loin de l’écran de divertissement, la réalité augmentée permet de travailler en dual tasking, c’est-à-dire en désynchronisant l’activité physique et mentale. De quoi ajouter une dimension inédite dans l’artillerie du kiné, intégrant l’incidence du jeu sur le dépassement de soi, de l’inconfort, voire même de la douleur. La focalisation sur le challenge (ou le jeu) a pour effet de cumuler une nette accélération dans la récupération par le patient, de réduire les facteurs de risques, et spécifiquement avec le Cloud d’améliorer significativement l’équilibre !

Praticien interviewé : Boris LAUB (Masseur Kinésithérapeute et Ostéopathe)

Propos recueillis par : Nathaly MERMET (Journaliste scientifique et médicale)

icaros cloud mini 360